Tout commença comme ça : Une de mes amies d’enfance ayant déménagé près de Marseille avec son copain il y a plusieurs mois, il était prévu que je passe vers le 12 août squatter encore une fois leur appart (c’est un exercice que j’ai perfectionné depuis de nombreuses années avec tout.e.s mes potes, sans qu’ils.elles n’osent trop se plaindre – la pitié, sans doute). Je me suis donc dis : Pourquoi pas y aller en vélo ? Les tarifs TGV de la SNCF au mois d’août me rendant définitivement raison, je me lance donc dans la recherche d’un billet « intercités » ou « TER » pas trop cher afin d’arriver dans un coin ensoleillé pour rejoindre le canal du Midi depuis Toulouse et aller tranquillement en direction de Marseille.
Avant le départ
Ce qu’il faut tout de même savoir, c’est que malgré la nouvelle rubrique du site web SNCF qui vous permet de prendre l’option vélo, l’application dans les faits, s’avère relativement désastreuse. En effet, si vous changez les options en cours de route (une nouvelle destination par exemple, l’option vélo que vous aviez coché au départ n’est plus visible et il faut donc retourner sur la page principale – très pratique). Au bout de plusieurs heures à m’arracher les cheveux sur leur site entre les destinations qui coûtaient une blinde, les trains intercités qui n’avaient plus de place pour les vélos et les retours incessants sur la page d’accueil pour recocher l’option vélo, j’ai finalement opté pour un aller vers Brive la Gaillarde à 35 euros.
Il n’y a que dans les TER ou vous pouvez voyager avec votre vélo sans réservation et sans payer de supplément. Dans les autres cas (TGV et Intercités), les places sont limitées, cela nécessite une réservation et les emplacements vélo sont payants (sauf si vous démontez votre vélo et le prenez en bagage à main)
Lorsque je scrute de plus près le billet que je viens de réserver, aucune mention de l’option vélo. Je passe donc 10 minutes à obtenir le service client qui me dit de tel un autre numéro. Rebelote pendant plusieurs autres minutes (toujours payantes) à attendre d’avoir un conseiller qui me dit que je pourrai me faire rembourser ce billet (il faut écrire un message -en ligne- aux services réclamations du groupe*). Du coup, je reprends un billet identique en vérifiant si l’option vélo figure bien sur le E-ticket. C’est bon ! Des heures de perdue pour un truc qui prend en théorie 1h ou 2h max si on veut faire quelques recherches au préalable…
Jour 1 : De Brive à Souillac
Le jour J arrive vite et je suis contente de revoir Brive et sa région que je n’avais pas revu depuis longtemps. A peine sortie du train, je me dirige vers le centre ville avant de demander mon chemin à plusieurs personnes pour rejoindre la direction du sud (mon but étant d’aller à Toulouse).
Un parcours harassant dès la sortie de Brive la Gaillarde. La côte est abrupte mais les paysages restent ceux de quand j’étais plus jeune, quand nous allions rendre visite à la meilleure amie de ma mère qui vit dans la campagne environnante.
Au bout de quelques kilomètres, je commence à regretter un peu ma décision et à chaque montée trop compliquée à gérer, je ne cherche pas à déjouer l’impossible, je descends systématiquement de la bécane non motorisé et un peu lourde à l’arrière, ce qui provoque une sorte d’aplatissement général des pneus (mon poids conséquent n’arrangeant rien à l’affaire).
Je marche donc, transpirante et haletante en plein cagnard sentant chaque muscle de mon corps, comme si des vieux copains qu’on n’avait pas revu depuis longtemps se pointaient sans prévenir dans son salon (et restaient dormir 15 jours) alors que toi, t’as rien demandé.
La plupart du temps, la route que j’emprunte – une départementale – est aussi celle des camions, ce qui n’est pas réjouissant du tout, pour personne. Heureusement, les gens sont très sympas et n’hésitent pas à rester discuter une dizaine de minutes pour réfléchir au meilleur itinéraire possible à vélo.
Je tente donc de profiter au maximum des paysages mais quand la départementale passe à quelques mètres de l’autoroute sur certains tronçons, j’ai comme des doutes sur l’apothéose de la situation et je rêve du moment où je me retrouverai à l’ombre, avec ma tente montée et ma petite tisane.
Histoire de me donner du courage, dès que je franchis quelques communes (Noailles, Nespouls, Cressensac) – assez mignonnes d’ailleurs – je fais une petite visite, histoire d’avoir une excuse pour descendre du vélo. Au bout d’un.e après-midi intense pour le moral et les muscles (les trois, quatre qui se battent pour exister dans mon corps graisseux), j’arrive enfin dans un camping à Souillac, vidée.
Ce village, conseillé par un restaurateur une quinzaine de bornes plus tôt, est super mignon et je suis contente de crécher ici, d’autant plus qu’il m’a parlé d’une gare… Oui, c’était un argument tentant quand on sait que la Corrèze et le Lot, ce ne sont que des montées et de rares descentes, qui sont là juste pour qu’on espère encore un peu !
Je n’ai pas de réservation pour le camping (je l’ai pris au pif, c’était le plus proche de la ville) et je ne fus pas déçue car il était très propre, calme et agréable. Pendant trois heures, je savoure mon tapis de sol en préparant la popote grâce à mes supers outils Primus, pratiques et performants, qui me servent depuis quelques années.
La douche eut un effet aphrodisiaque terrible en terme d’intensité dans le bonheur. A 22h00, au lit, pas vraiment prête à affronter des journées pareilles pour atteindre Toulouse : trop de camions, de nationales avec les voitures qui déboulent trop vite, de côtes de la mort, de chaleur intense, de manque de pistes cyclables. Je suis au bout de ma vie.
Jour 2 : De Souillac à Toulouse
Une fois l’étape Brive-Souillac effectuée, je me suis dit qu’il fallait savoir dire stop, même au bout du premier jour. J’avais signé pour enquiller des kilomètres, pas pour pousser le vélo au bord d’une nationale. Ma journée commençait fort quand, en voulant regonfler mes pneus, l’obus de mon vélo s’est barré. Enfin cassé, littéralement. Du coup, il fallait changer la chambre à air. Il est presque 11h00 (oui, j’avais besoin de dormir un peu et de prendre mon temps, ok).
Un deuxième jour marqué par l’impossibilité de rouler. C’est con. Franchement. Je pousse donc (encore une fois!) mon vélo jusqu’au centre ville de Souillac. C’est l’heure du marché et il y a des touristes plein les rues principales.
En partant du camping, j’avais demandé s’il y avait des réparateurs vélo dans le coin et il y en avait effectivement deux. Ouf ! Je me dis que vu les problèmes que j’ai avec mes pneus depuis plusieurs années quand j’ai mes sacoches à l’arrière , il serait peut être bien que je fasse un tir groupé : remplacer la chambre à air (j’en avais une de secours mais je voulais la garder au cas où je crève en pleine pampa) et voir si les boutiques n’avaient pas des pneus plus résistants. L’un d’eux me dit son prix, ce qui me poussa à aller voir l’autre qui a une boutique hasbeen mais qui est plus humble et sympa.
Il a des pneus adaptés et me dit que je pourrai repasser vers 14h, après le déjeuner. Je sens bien que le côté obscur de la flemmardise commence à prendre une décision pour moi…Concrètement, l’idée d’avoir 3h pour profiter de la ville et manger un bout avant de récupérer mon petit vélo avec des nouvelles roues flamboyantes me tente bien. Princesse va donc aller faire sa visite pendant que le gars transpire dans son atelier. J’en profite pour me poser une heure au café en matant la tronche des mecs qui partent en vacances avec leur femme, leurs gosses et les beaux parent.e.s, j’ai un peu mal pour eux. Attendre des mois avant d’avoir des vacances pareilles, franchement, c’est moche.
En revenant à la boutique, je papote un peu avec le gars (il me parle de sa balade il y a quelques années sur le Canal du Midi ) pendant que je remonte toutes mes sacoches et le bordel à l’arrière puis je file vers la gare SNCF où j’ai failli avoir une petite crise cardiaque : 29 euros pour faire Souillac-Toulouse avec un TER tout petit, très crade, ancien comme le monde et qui coûte généralement trois fois moins cher pour faire la distance. J’hésite de longues minutes devant le guichet en étudiant les possibilités avec soin, comme lorsque j’étais petite au restaurant et que cela prenait des plombes pour que je choisisse un plat parmi la multitude proposée, en faisant attention aussi à ce que ça ne soit pas trop cher mais que ça me donne vraiment envie. Là, les options étaient moins nombreuses !
Soit je restais dormir là (en sachant qu’il fallait redescendre au camping et que la nana m’avait dit qu’a priori ils étaient complets ce soir là) et me retaper la galère le lendemain. Hors de question. Soit il fallait partir. Bref, sur un coup de tête (après 15 mn de réflexion en fait), je prends cet aller (merci les vacances en août, avec un vélo et la SNCF). Comme vous l’aurez remarqué, ce début de périple commençait difficilement mais je savais qu’en retrouvant Toulouse, j’allais pouvoir longer le canal du Midi et avoir des kilomètres de routes plates : le rêve.
Dans le train, un gars m’a indiqué où récupérer le canal (quand vous arrivez à la gare de Toulouse, il faut juste traverser la rue) et nous nous sommes suivi.e.s plusieurs minutes puisqu’il prenait la même direction. Il est 19h45 quand je commence à rouler depuis Toulouse et je sais qu’il ne me reste pas beaucoup de temps avant qu’il fasse nuit. Je speed donc sur le vélo me disant qu’il y aura bien un endroit tranquille pour faire du camping sauvage ou juste un camping pour pouvoir me laver (jamais désagréable avant de pioncer quand on sue comme un veau toute la journée). Bon ok, j’avais pas beaucoup roulé mais quand même !
Notes : 15 jours plus tard, j’ai eu un mail me confirmant le remboursement du premier billet 🙂